Qu’est-ce que la
politique ?
Platon nous l’explique
par la voix de Socrate dans le Gorgias.
Dans ce livre, le sujet
est la rhétorique ou l’art de persuader les autres
Le courant
sophiste : remporter la victoire
Pour les sophistes et
les jeunes gens qui discutent avec Socrate
La politique consiste à
influencer le cours des choses. Le discours politique est prononcé
pour flatter les citoyens, pour plaire aux citoyens. En fait, il
consiste à persuader les citoyens d’agir de la façon
qui plaît à celui qui le prononce. Le discours flatte
les citoyens pour les inciter à agir dans le sens qui convient
à l’homme politique.
L’action avant
tout et l’action pour faire triompher ses idées. Voilà
la politique pour les jeunes gens instruits et les sophistes avec
lesquels Socrate discute.
Or, cette façon
de faire amène au pouvoir les plus pervers et les plus
cyniques, ceux qui sont à la fois rusés et sans
scrupule. Et la politique de la cité s’en ressent. Les
lois mauvaises se succèdent détruisant la société.
Et lorsque d’autres
hommes politiques veulent sortir de cet état, dans la mesure
où ils agissent de la même façon, où tout
leur effort est tourné vers la persuasion de la foule, vers le
triomphe de leurs idées et de leur volonté humaine,
vers le seul fait d’influencer le cours des choses, même
s’ils ne le veulent pas, ils finissent par ressembler aux
autres, par se fondre dans le même moule.
Combien de
nationalistes, d’hommes de gauche, de centre, de droite sont
entrés en politique pour faire changer les choses ?
Certains ne pensaient qu’à leur carrière et au
profit. Mais beaucoup y croyaient. Beaucoup souhaitaient sincèrement
construire et travailler à réaliser quelque chose de
bien. Un bon nombre avait même du talent. Mais, tous, les uns
après les autres, en arrivent à dire et à faire
à peu près la même chose. Et cela est valable,
non seulement pour la France mais pour l’ensemble des pays.
Pourquoi ? Parce
que le but reste en priorité la victoire, la domination, la
victoire d’un camp sur l’autre, la domination que procure
le triomphe de ses idées et quand les idées
disparaissent, le triomphe qui permet de gagner le pouvoir et de s’y
maintenir.
Au début, le
combat se déroule pour faire triompher un projet politique.
Puis, bien vite quand le projet se révèle sans
consistance ou irréalisable, c’est le pouvoir lui-même,
le pouvoir pour le pouvoir qui devient le seul but.
Agir, faire table rase
du passé, construire une société de toutes
pièces selon ses propres vues, ses propres volontés, il
y a là quelque chose d’enivrant qui attire les hommes
(hommes et femmes) par cet activisme trompeur.
Le but se rétrécit
à un combat de personnes, le plus fort ou le plus rusé
l’emporte sur l’autre. Le plus fort ou le plus rusé
sait manier la foule pour la faire agir dans son sens.
Le but : le
pouvoir. Le moyen : la flatterie, le mensonge ou la violence
quand les premiers moyens n’opèrent plus.
Parvenir au pouvoir et
garder le pouvoir par tous les moyens.
La fin justifie les
moyens.
Le courant
socratique : faire triompher la vérité pour le
bien de la cité
Or, Socrate insiste,
même s’il est seul à soutenir une telle pensée.
Ce ne sont pas le pouvoir et la domination sur l’autre qui
comptent, mais le bien de la cité.
Le but ne s’arrête
pas à la volonté d’une personne ou d’un
groupe de personnes qui veut imposer sa volonté, le but ne
s’arrête même pas à la totalité d’une
population qui agirait selon sa seule volonté.
Volonté
particulière ou générale peuvent s’avérer
aussi mauvaises, aussi désastreuses pour la cité. Ce
n’est donc pas la volonté qui importe, mais le bien
recherché.
Le but réside,
non dans les personnes, mais dans le bien, dans ce qui peut amener
une cité à être prospère et juste et
paisible, une cité où les hommes sont heureux de vivre.
Ce ne sont pas les
personnes au pouvoir qui doivent triompher, mais seulement le bien de
la cité.
De la même façon,
dans un débat, ce n’est pas le triomphe d’une
personne sur une autre qui compte, mais la recherche et le triomphe
de la vérité.
Les débats sont
faussés parce que tout le monde cherche à triompher de
l’autre. Les spectateurs ne cherchent plus à savoir si
les arguments sont sérieux ou non. Ils s’attachent
uniquement à l’esprit de répartie, au bon mot qui
ridiculise l’adversaire ou à l’accusation fausse
qui déstabilise...
Dans les
discussions, Socrate explique que la vérité doit être
au centre des débats.
Dans le domaine
politique, la justice doit être à la source des lois et
le bien de la cité le but recherché.
Recherche et
triomphe de la vérité.
Recherche et
établissement de la justice et du bien.
Tant que le but
véritable est le pouvoir et la domination, les idées
resteront au service du cette soif de pouvoir et de domination.
Alors, elles seront infectées par le mensonge, la flatterie,
la violence. Car tout sera bon pour arriver à ces fins de
domination sur l’autre.
La haine est souvent
une conséquence de cet état d’esprit parce que
l’autre devient l’obstacle qu’il faut enlever pour
satisfaire sa volonté.
Si le but véritable
est la vérité et le bien, alors les idées se
mettront au service de la vérité et du bien. Elles
seront inspirées par la vérité, la justice et le
bien. Et la fin ne sera plus la domination de l’homme sur
l’homme, mais le triomphe de la vérité et la
recherche du bien de la cité.
Nous sommes cinq
siècles avant Jésus-Christ et le courant de droit
naturel sort de la philosophie grecque et de la pensée de
Socrate, qui ne dit jamais qu’il a inventé quoi que
soit. Il ne professe pas de théorie personnelle. Simplement,
il cherche la vérité avant tout.
Bien sûr, il se
fera tuer pour avoir dit la vérité.
Le courant de droit
naturel se poursuit dans le christianisme qui le développe en
une doctrine
Le christianisme
continue ce courant de droit naturel et le développe dans une
véritable doctrine dont la synthèse la plus accomplie
est celle de Saint Thomas d’Aquin.
La vérité
au centre. Socrate, Platon à sa suite poursuivent cette
recherche de la vérité.
Pour les chrétiens,
la vérité c’est le Christ. Dieu est amour, donc
Il est vérité, car l’amour n’existe pas
dans le mensonge. La vérité prend un visage qui est
celui du Sauveur et elle devient accessible à tous puisque
chaque chrétien est le temple de Dieu (1Corinthiens 3,
16-17).
La liberté.
Socrate, Platon à sa suite, ont l’intuition d’un
lien entre vérité et liberté sans parvenir à
savoir le quel vient en premier.
Le Christ donne la
réponse avec la simplicité de Dieu : « La
vérité vous rendra libres » (in Saint
Jean 8, 32).
Les Grecs et les
Romains connaissent les libertés politiques. Mais, c’est
le christianisme qui apporte en plus, par la Révélation
du Christ, les libertés personnelles et les libertés de
la communauté. Chaque être humain ayant une vocation à
accomplir, un talent qu’il doit développer pour épanouir
sa personnalité, il dispose de la liberté nécessaire
pour sa réalisation. De là découle les libertés
personnelles.
La justice et le
bien. Socrate, Aristote à sa suite, ont cette intuition
d’une source dans la justice et d’une fin dans le bien.
Pour les chrétiens,
la source de tout est Dieu qui est juste.
La fin de tout est Dieu
qui est le bien.
Donc, la justice doit
être à la source de tous les rapports entre les êtres
humains (et donc des coutumes et des lois).
Le but se trouve dans
le bien. Le bien parfait dans la vie éternelle doit être
préparé sur terre.
Le but recherché
est non seulement le bien de la cité, mais un bien qui englobe
chaque membre de la cité : le bien commun.
Il ne s’agit pas
seulement du bien de tous au sens de satisfaction de la volonté
de chacun, mais le bien de chaque personne qui aspire à
s’élever vers Dieu, c’est-à-dire qui aspire
à développer son talent pour être réellement
à l’image de Dieu.
Le bien commun est
atteint quand tous les membres ont la possibilité de
développer leur talent, d’accomplir leur vocation, quand
tous ont cette faculté d’épanouir leur
personnalité.
La politique, c’est
la recherche de la justice dans la source des rapports entre les
êtres humains et du bien commun comme but à atteindre.
Donc, le pouvoir
change fondamentalement d’aspect. Il se produit une inversion
des perspectives.
1) Le pouvoir n’est
pas une fin en soi. Le pouvoir est un moyen de parvenir à
la fin qui est le bien commun.
2) Le pouvoir n’est
pas une domination. Le pouvoir est un service.
« ...celui
qui voudra devenir grand parmi vous, se fera votre serviteur, et
celui qui voudra être le premier d’entre vous, se fera
votre esclave. C’est ainsi que le Fils de l’homme n’est
pas venu pour être servi mais pour servir » (in
Saint Matthieu 20, 27-28).
Pour arriver à
cet état d’esprit, il faut
1) Abandonner le
monde de l’idéologie qui n’est que le mensonge
au service de l’esprit de domination, et entrer dans le courant
de droit naturel qui a pour centre la vérité.
2) Extirper toute
haine de son cœur (qui accompagne toujours l’idéologie),
et avancer sur ce chemin de vérité du courant de droit
naturel pour penser à construire pour le bien commun, pour que
chaque membre de la communauté puisse épanouir sa
personnalité.
Voilà la raison
pour laquelle la politique exige
D’abord une
doctrine solide sur laquelle s’appuyer : la doctrine de
l’église de droit naturel.
Ensuite une société
saine capable de produire des hommes politiques qui accepteront de
travailler pour la vérité et d’être au
service du bien commun : une société catholique.
La politique ne peut
être cohérente et bienfaisante que quand les deux
premières étapes ont été franchies.
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