Police perso : Cristiani Corsi: Catholicisme et lutte au XXIème siècle : les deux visages de l'Ennemi
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lundi 10 août 2015

Catholicisme et lutte au XXIème siècle : les deux visages de l'Ennemi



Le monde en 2015 est étrangement constitué : les années passant, les possibilités d’expression déviant du cadre bien pensant mondialo-humaniste se trouvent de plus en plus réduites. L’individu lambda en est réduit à se conformer à un mode de pensée « officiel », majoritaire dans les sociétés occidentales, ou à se trouver en marge aux yeux des censeurs autoproclamés du bien, du bon et du nécessaire.Toute action, intellectuelle, sociale ou politique catholique fait de facto  partie de celles qui sont et seront le plus farouchement réprouvées. Les principes directeurs du monde moderne -individualisme, globalisme, addiction au numérique, gaspillage permanent, culture de mort- sont à l’opposé de tous les principes du catholicisme. Cela est évident pour quiconque porterait un minimum d’intérêt aux deux mille ans de magistère de l’Eglise. Cela ne va pas sans rappeler les paroles du Christ : 
« Si le monde vous hait, sachez qu’il m’a haï avant vous. Si vous étiez du monde, le monde aimerait ce qui serait à lui ; mais, parce que vous n’êtes pas du monde […] à cause de cela, le monde vous hait. [1] ».
Car il y a un principe essentiel que beaucoup ont tendance à perdre de vue : le chrétien, s'il vit dans le Siècle, et doit mener sa vie en harmonie dans ce monde, est avant tout le défenseur de la vérité, en tant qu’il a connu intimement celui qui est la Vérité, le Verbe de Dieu incarné. Nul ne saurait, avec honnêteté, faire coïncider ses valeurs reçues de la Révélation avec des principes temporels aux antipodes de celles-ci ! Celui qui agirait ainsi serait soit hypocrite, soit irrationnel. Toute personne aujourd’hui, ne se conformant pas aux canons de la société libérale, est stigmatisée, purement et simplement. Toute personne se réclamant du catholicisme, aspirant à la défense et à la diffusion de ses principes au delà de la sphère privée, est un ennemi désigné du politiquement correct et de la dictature libérale. Ce qui est particulièrement troublant, c’est que les attaques proviennent de l’intérieur et de l’extérieur, double combat à mener à la fois contre les forces séculières anticléricales, et l’ennemi intérieur, la cinquième colonne de l’Eglise. 
Cet ennemi intérieur a toujours existé, certes. Saint François d’Assises, au XIIIème siècle, avait connu une Eglise minée de l’intérieur par les prêtres scandaleux. C’est par son exemple de sainteté qu’il a d'ailleurs permis à l’Eglise de se réformer. En effet, par un comportement exemplaire, modèle de vie chrétienne, le saint a montré la voie au clergé de l'époque. Mais aujourd’hui, la cinquième colonne est issue de la tradition post révolutionnaire du XIXème siècle, accouchée du socialisme et du progressisme de ce siècle, conséquence directe des acquis révolutionnaires. Car c’est bien de la tradition des Lumières françaises -anticléricales au possible, contrairement aux lumières espagnoles ou italiennes-, et à la prétention démesurée de cette école de pensée d’imposer ses schémas idéologiques au monde, qu’appartiennent désormais les courants les plus progressistes dans l’Eglise, partisans d’une sécularisation et d’un partenariat de plus en plus abominable avec les plus hautes instances mondialistes. 
Le prêtre apostat Félicité de Lamennais fut l’initiateur le plus célèbre de ce courant. Assoiffé de socialisme, au plein coeur du XIXème siècle, il ira jusqu’à abandonner le sacerdoce, pour se faire, selon les propres mots de George Sand, chef d’une nouvelle secte : « Nous vous comptons parmi nos saints... vous êtes le père de notre Église nouvelle ». Il faut relever l'incroyable clairvoyance de George Sand, ayant déjà bien compris que Lamennais, par son orgueil et ses croyances, avait déjà changé de religion.
L'apostat Félicité de Lamennais


Et aujourd’hui, les héritiers de cette école s’insurgent et enragent contre tout ce qui pourrait mettre en péril leurs dangereux acquis. Fiers partisans de toutes les décrépitudes, niant tout sens esthétique et toute verticalité, leur inquiétude principale est la politique que font ceux qui ne pensent pas comme eux. Car si Lamennais a été condamné en son temps par le Pape Benoit XIV, peu importe ! Certains s’en revendiquent fièrement, lui qui fut le porte étendard du catholicisme libéral, donc d'un catholicisme teinté de politique. Certains semblent même s’inquiéter que le catholicisme retrouve un second souffle, et trouve dans la sphère politique une voie d’épanouissement. Etrange, car cela pourrait sembler très encourageant, et correspond d’ailleurs aux enseignements du dernier Concile, donnant comme tâche première au laïcat l’instauration chrétienne de l’ordre temporel [2].  En fait, le reproche souvent formulé de nos jours ressemble étrangement à la critique de deux jésuites, les Pères de Soras et Le Blond, formulée à l’encontre des membres de la cité catholique au milieu du XXème siècle :
« Le Blond aussi bien que A. de Soras semblent recommander aux laïcs catholiques d’accrocher une sorte d’écriteau dans les sièges de leurs associations qui rappelle celui accroché dans les lieux publics en Italie à l’époque fasciste : « Ici, on ne fait pas de politique ». « Semblent recommander », précisément : car ici aussi il y a des points de suspension idéaux et le conseil exact dirait plutôt : « Ici, on ne fait pas de politique… de droite ».[3]
Non, résolument, il semble impossible pour certains de défendre une vision politique de la société sur des bases chrétiennes, si cette vision politique... n'est pas la leur ! Ainsi, le fabuleux reproche d’agir en politique s’applique exclusivement à tout ce qui s’attaque, de près ou de loin, à des principes hérités de la Révolution : la condamnation de toute politique semble ne s’appliquer que dans un sens, les politiques libérales étant bien entendu admises. 
Du côté séculier, avec les héritiers du marxisme et du stalinisme du XXIème siècle, les critiques fusent : tout ce qui s’oppose au « mariage pour tous » relève de l’intégrisme. Imaginons un instant une prise de position contre l’avortement, et une pluie de censures et de critiques s’abattraient instantanément. Leur alliance tacite avec une certaine frange de l’Eglise n’en est que plus douloureuse.
Ces tenants de cet intégrisme socialo-mondialiste, ennemis implacables maniant le sophisme sans même une once de subtilité -s’estimant vainqueurs, ils s’en dispensent- font front contre toute tradition. L’ennemi, c’est l’identité, la patrie, la verticalité. Mais faut-il vraiment s’en inquiéter ? Il suffit de s’inspirer de l’Évangile et d’examiner les fruits qui en sortent : « Gardez vous des faux prophètes, qui viennent à vous avec des vêtements de brebis, et qui au dedans sont des loups ravisseurs. Vous les connaîtrez par leurs fruits. Cueille-t’on des raisins sur des épines, ou des figues sur des ronces ? Ainsi, tout bon arbre produit de bons fruits, et tout mauvais arbre produit de mauvais fruits. [4]» Ces hérauts d’un fade universalisme, d’un tiédeur amollissante exécrable aux yeux de Dieu et des hommes, produisent des fruits qui, plus qu’à maturité, semblent pourrir avant d’avoir été cueillis. Sombre présage pour l’avenir de l’Europe et du monde. Car loin d’encourager le récent regain de spiritualité chez l’homme contemporain, cette vague de bien-pensance semble chercher à engloutir toute visibilité de l’Eglise, jusqu’à la cantonner à la chambre à coucher du catholique moyen, bien obligé de pratiquer son culte à son domicile, dans un monde où les églises, désormais vides, seront considérées comme des objets inutiles, et auront été détruites ou affectées différemment. 
Cette triste situation demande courage et détermination. La postérité des Lamennais et autres Renan, était déjà moquée et anticipée bien avant notre époque, et tant de contradictions ne sauraient subsister indéfiniment. 
« Car le doctrinaire en Révolte, dont le temps s’amuse avec une profonde ironie, ne fait souche que de gens paisibles. La postérité spirituelle de Blanqui** a peuplé l’enregistrement, et les sacristies sont encombrées de celle de Lamennais.[5]»

Malgré l'implantation pérenne de ces courants et de ses partisans, toujours prêts à tirer à boulets rouges sur les défenseurs de l'orthodoxie, le combat pour la vérité continue, et ne saurait être perdu : "les portes de l'enfer ne prévaudront point contre elle". L'important demeure de tenir cette promesse du Christ comme essentielle. Car, comme disait Aristote, "le seul moyen d'éviter la critique, c'est de ne rien dire, de ne rien faire, somme toute, de ne rien être." Dieu nous en préserve !



[1] Jn XV, 18-19
[2] Cf. Concile Œcuménique Vatican II, Décret sur l’apostolat des laïques « Apostolicam actuositatem », du 18-11-1965.
[3] Massimo INTROVIGNE, in Critianità anno XXXVIII, n. 355, gennaio-marzo 2010, pp. 9-61
[4] Mt VII, 16-17 
[5] Georges BERNANOS, Sous le soleil de Satan

** Révolutionnaire socialiste français du XIXème, considéré comme fondateur de l’ultra gauche

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