La nouvelle
loi santé votée en première lecture le 14 avril dernier à l'Assemblée Nationale
comporte de nombreuses mesures, qui pour certaine d'entre elles, sont
controversées et médiatisées. Une mesure demeure cependant relativement peu
ébruitée compte tenu des conséquences morales et philosophiques qu'elle
implique : le renforcement du consentement présumé du don d'organe.
Aujourd'hui,
toute personne décédée est considéré comme donneuse, sauf si celle-ci a laissé une trace légale de
son opposition (http://www.dondorganes.fr/046-comment-exprimer-son-refus), et si la
famille proche a donné son accord. Selon ce projet de loi, la famille n'aura
plus légalement la capacité de s'opposer au prélèvement d'organes : "la famille du défunt ne sera plus consultée mais simplement informée du prélèvement". Ainsi le corps humain
tend à être considéré comme propriété quasi exclusive de la recherche ou de la
médecine.
Cette
mesure, on ne peut plus autoritaire, est d'un cynisme absolu émanent d'un
gouvernement de gauche dit social-démocrate
se revendiquant héritier et étendard des valeurs d'émancipations individuelles
et de féminismes dont le slogan phare a longtemps été :"mon corps
m'appartient". Cet ensemble de valeurs supposé amener bonheur et
épanouissement avait en réalité pour but principal de promouvoir la
contraception et l'avortement au sein d'une société dont le passé catholique
demeurait présent dans la conscience collective. A ce titre, la Corse enregistre de bien
sinistres records en matière d'avortement. En 2014, pour 3000 naissances, on
dénombrait 1400 IVG.
Or, le fond
de l'affaire se situe davantage sur le plan économique. En effet, comme le préconisait
T.R. Malthus, économiste classique (libéral) britannique, la régulation des
naissances devenait nécessaire afin de palier l'épuisement des ressources, elle
devait peu à peu gagner les esprits des élites occidentales .Ainsi, la
diminution des naissances était la principale action à mener afin de se
prémunir de la paupérisation. La diffusion
des contraceptions et l'augmentation des avortements allaient favoriser l'enrichissement
immédiat, et peu importe que le vieillissement de la population crée des
situations de faiblesse dans tout l'occident ( dans le financement des
retraites ou l'indolence intellectuelle, le "besoin" d'immigration,
etc.)
Le but n'étant pas tant de juger le bien fondé
de telle ou telle pratique, mais de
montrer que les "belles valeurs" ne sont souvent qu'un prétexte afin
d'imposer un mode de pensé appartenant au libéralisme économique.
"Chacun doit donner comme il a décidé dans son cœur, sans regret
et sans contrainte ; car Dieu aime celui qui donne joyeusement. "Deuxième
lettre de Saint Paul Apôtre aux Corinthiens (9,6-11)
Le don
d'organe marque en soi un acte de générosité et de solidarité d'une très grande
valeur. Cependant en retirant la base du volontariat à ce "don", qui
de fait n'en devient plus un, l'État retire tout sens à ce geste.
C'est
pourquoi les évêques de France s'opposent à ce projet. En effet les deux
conditions sine qua non du soutien de
l'Église au don d'organes sont l'accord libre et sans équivoque du donneur
(catéchisme église catholique §2296) et la gratuité.
Aujourd'hui,
il existe un réel besoin d'organes en France. L'Union Européenne a montré que
la greffe de 10 000 patients en insuffisance rénale correspond à une économie
annuelle de 200 Millions d'euros, par rapport au coût de la dialyse (cf: expanding
donor pool, 2006). Là encore, les raisons économiques sont très présentes.
Sur fond d'altruisme, en répondant aux besoins d'individus dans la détresse de
l'attente, l'État entend bien réduire ses dépenses de santé en prélevant de manière
autoritaire les pièces de viande interchangeables que sont pour lui nos organes
humains.
Néanmoins, on
peut penser que ce matérialisme excessif, doctrine d'un État totalement soumis
à l'ultralibéralisme destructeur et déstructurant, qui de toute évidence
méprise la charité et le geste de don, suscitera une méfiance grandissante au
sein de sa population dont la spiritualité et la soif mystique ne pourront être
bridées éternellement.
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