Hè oghje, u 6 di marzu, a quarta dumenica
di Quaresima. Chjamatu dinù « Lætare », prima parolla di l’introitu
di u ghjornu. Hè l’occasione di fà un puntu liturgicu nantu à una vechja
tradizione chjesale : a benedizzione di a rosula. Pudete leghje un stratu
di L’année liturgique di Dom Prosper
Guéranger, monacu benedittinu, abbate di Solesmes. Bona dumenica à tutti, è
forza per a seguita di a Quaresima.
Eccu u ricacciu :
"Ce Dimanche,
appelé Lætare, du premier mot de l’Introït de la Messe, est un des plus
célèbres de l’année. L’Église, en ce jour, suspend les saintes tristesses du
Carême ; les chants de la Messe ne parlent que de joie et de
consolation ; l’orgue, muet aux trois Dimanches précédents, fait entendre
sa voix mélodieuse ; le diacre reprend la dalmatique, le sous-diacre la
tunique [19] : et il est permis de remplacer
sur les ornements sacrés la couleur violette par la couleur rose. Nous avons
vu, dans l’Avent, ces mêmes rites pratiques au troisième Dimanche appelé Gaudete.
Le motif de l’Église, en exprimant aujourd’hui l’allégresse dans la sainte
Liturgie, est de féliciter ses enfants du zèle avec lequel ils ont déjà
parcouru la moitié de la sainte carrière, et de stimuler leur ardeur pour en
achever le cours. Nous avons parlé, au jeudi précédent,
de ce jour central du Carême, jour d’encouragement, mais dont la solennité
ecclésiastique devait être transférée au Dimanche suivant, dans la crainte
qu’une trop grande liberté ne vint altérer en quelque chose l’esprit du
jeune : aujourd’hui rien ne s’oppose a la joie des fidèles, et l’Église
elle-même les y convie.
La Station,
à Rome, est dans la Basilique de Sainte-Croix-en-Jérusalem, l’une des sept
principales de la ville sainte. Élevée au IVe siècle par Constantin, dans la
villa de Sessorius, ce qui l’a fait appeler aussi la basilique Sessorienne,
elle fut enrichie des plus précieuses reliques par sainte Hélène, qui voulait
en faire comme la Jérusalem de Rome. Elle y fit transporter, dans cette pensée,
une grande quantité de terre prise sur le mont du Calvaire, et déposa dans ce
sanctuaire, entre autres monuments de la Passion du Sauveur, l’inscription qui
était placée au-dessus de sa tête pendant qu’il expirait sur la Croix, et qu’on
y vénère encore sous le nom du Titre de la Croix. Le nom de Jérusalem attaché à
cette Basilique, nom qui réveille toutes les espérances du chrétien, puisqu’il
rappelle la patrie céleste qui est la véritable Jérusalem dont nous sommes
encore exilés, a porté dès l’antiquité les souverains Pontifes à la choisir
pour la Station d’aujourd’hui. Jusqu’à l’époque du séjour des Papes à Avignon,
c’était dans son enceinte qu’était inaugurée la Rose d’or, cérémonie qui
s’accomplit de nos jours dans le palais où le Pape fait sa résidence.
Le Dimanche
de la Rose.
La
bénédiction de la Rose d’or est donc encore un des rites particuliers du
quatrième Dimanche de Carême : et c’est ce qui lui a fait donner aussi le
nom de Dimanche de la Rose. Les idées gracieuses que réveille cette fleur sont
en harmonie avec les sentiments que l’Église aujourd’hui veut inspirer à ses
enfants, auxquels la joyeuse Pâque va bientôt ouvrir un printemps spirituel,
dont celui de la nature n’est qu’une faible image : aussi cette institution
remonte-t-elle très-haut dans les siècles. Nous la trouvons déjà établie dès le
temps de saint Léon IX ; et il nous reste encore un sermon sur la Rose
d’or, que le grand Innocent III prononça en ce jour, dans la Basilique de
Sainte-Croix-en-Jérusalem. Au moyen âge, quand le Pape résidait encore au
palais de Latran, après avoir béni la Rose, il partait en cavalcade, la mitre
en tête, avec tout le sacré Collège, pour l’Église de la Station, tenant cette
fleur symbolique à la main. Arrivé à la Basilique, il prononçait un discours
sur les mystères que représente la Rose par sa beauté, sa couleur et son
parfum. On célébrait ensuite la Messe.
Quand elle
était terminée, le Pontife revenait dans le même cortège au palais de Latran,
toujours en cavalcade, et traversait l’immense plaine qui sépare les deux
Basiliques, portant toujours dans sa main la fleur mystérieuse dont l’aspect
réjouissait le peuple de Rome. A l’arrivée au seuil du palais, s’il y avait
dans le cortège quelque prince, c’était à lui de tenir l’étrier et d’aider le
Pontife à descendre de cheval ; il recevait en récompense de sa filiale
courtoisie cette Rose, objet de tant d’honneurs et de tant d’allégresse.
De nos
jours, la fonction n’est plus aussi imposante ; mais elle a conservé tous
ses rites principaux. Le Pape bénit la Rose d’or dans la Salle des parements,
il l’oint du Saint-Chrême, et répand dessus une poudre parfumée, selon le rite
usité autrefois ; et quand le moment de la Messe solennelle est arrivé, il
entre dans la chapelle du palais, tenant la fleur mystique entre ses mains.
Durant le saint Sacrifice, elle est placée sur l’autel et fixée sur un rosier
en or disposé pour la recevoir ; enfin, quand la Messe est terminée, on
l’apporte au Pontife, qui sort de la chapelle la tenant encore entre ses mains
jusqu’à la Salle des parements. Il est d’usage assez ordinaire que cette Rose
soit envoyée par le Pape à quelque prince ou à quelque princesse qu’il veut
honorer ; d’autres fois, c’est une ville ou une Église qui obtiennent
cette distinction.
Nous
donnerons ici la traduction de la belle prière par laquelle le souverain
Pontife bénit la Rose d’or : elle aidera nos lecteurs à mieux pénétrer le
mystère de cette cérémonie, qui ajoute tant à la splendeur du quatrième
Dimanche de Carême. Voici en quels termes cette bénédiction est conçue :
« O Dieu, dont la parole et la puissance ont tout créé, dont la volonté gouverne toutes choses, vous qui êtes la joie et l’allégresse de tous les fidèles ; nous supplions votre majesté de vouloir bien bénir et sanctifier cette Rose, si agréable par son aspect et son parfum, que nous devons porter aujourd’hui dans nos mains, en signe de joie spirituelle : afin que le peuple qui vous est consacre, étant arraché au joug de la captivité de Babylone par la grâce de votre Fils unique qui est la gloire et l’allégresse d’Israël, représente d’un cœur sincère les joies de cette Jérusalem supérieure qui est notre mère. Et comme votre Église, à la vue de ce symbole, tressaille de bonheur, pour la gloire de votre Nom ; vous, Seigneur, donnez-lui un contentement véritable et parfait. Agréez la dévotion, remettez les pèches, augmentez la foi : guérissez par votre pardon, protégez par votre miséricorde ; détruisez les obstacles, accordez tous les biens : afin que cette même Église vous offre le fruit des bonnes œuvres, marchant à l’odeur des parfums de cette Fleur qui, sortie et de la tige de Jessé, est appelée mystiquement la fleur des champs et le lis des vallées, et qu’elle mérite de goûter une joie sans fin au sein de la gloire céleste, dans la compagnie de tous les saints, avec cette Fleur divine qui vit et règne avec vous, en l’unité du Saint-Esprit, dans tous les siècles des siècles. Amen. »"
Cristiani Corsi
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