Qu'est-ce
que le rosaire, son "histoire" ?
Le rosaire ? C’est en fait tout un monde ! Et il est
difficile de le décrire en juste quelques
mots. Disons qu’il s’agit d’une dévotion, dans le
meilleur sens du terme, qui nous permet
d’aller à Jésus par Marie. Le rosaire c’est, par la
récitation répétitive de Notre Père et de Je
vous salue, Marie, apprendre à vivre l’Écriture avec,
comme et par Marie. C’est enfin une
arme spirituelle puissante dont la prière a été
encouragée au cours de l’histoire.
Le rosaire est le résultat d’une lente évolution dans
l’histoire de l’Église. Il est très lié à
l’Ordre des Frères Prêcheurs, autrement dits dominicains,
car la tradition nous rapporte que
saint Dominique le reçut des mains mêmes de la Vierge
Marie. De grands personnages ont
permis sa propagation au cours des siècles. J’en
retiendrai trois : le bienheureux Alain de la
Roche (1428-1475) qui institua les Confréries du Rosaire,
saint Pie V (1504-1572), le pape de
Lépante, qui en fixa la structure et enfin saint
Louis-Marie Grignion de Montfort (1673-1716)
qui le répandit grâce à une prédication populaire.
En quoi consiste votre mission ?
Étant donné ce lien qui unit l’Ordre dominicain au
Rosaire, il existe une charge spécifique qui
est celle de Promoteur Général du Rosaire. Le Maître de
l’Ordre m’a nommé à ce poste lors
du chapitre général de Bogotá en 2007.
Il m’a alors été demandé de créer un site internet pour
l’ensemble de notre Ordre, dans ses
trois langues officielles à savoir le français,
l’espagnol et l’anglais. Il s’agit du site Rosarium
(www.rosarium.op.org). Chaque jour, un nouvel article est
mis en ligne. Ce sont désormais 62
langues qui sont présentes sur le site, le corse compris
!
Par ailleurs, une fois par an, je fais un grand voyage
dans une zone géographique donnée pour
rencontrer les frères et sœurs dominicains ainsi que tous
les acteurs du monde du Rosaire et
ainsi les encourager et échanger avec eux sur cette belle
dévotion que l’on retrouve chez tant
de catholiques.
Vous revenez d'un voyage au Proche Orient. Quel est l'état
d'esprit des communautés chrétiennes là-
bas ?
Dans le cadre du grand voyage dont je parlais à
l’instant, je me suis rendu au Proche et
Moyen-Orient au mois de novembre dernier. Pour être
exact, je suis allé dans les Émirats Arabes Unis, au Liban, en Turquie et
enfin en Irak.
Il me semble donc que votre question doit plutôt
concerner ce dernier pays, l’Irak. J’étais
exactement à Erbil, dans le Kurdistan irakien et j’avais
décidé de m’y rendre pour célébrer
avec mes frères et sœurs dominicains l’ouverture du
Jubilé des 800 ans de notre Ordre, le 7
novembre 2015.
Il est un peu difficile de répondre à cette question
lorsque l’on ne reste que quelques jours
dans un endroit. J’ai été marqué par deux choses : la
tristesse des gens que j’ai pu rencontrer
et en même temps l’immense foi et la force qui les
animent. Les réfugiés chrétiens ont tout
perdu en l’espace de quelques heures et ils continuent à
se battre. Aussi, l’élan de solidarité
manifesté par de nombreuses associations internationales
m’a impressionné.
Que vous inspire pour l'Europe la situation en Syrie ?
La situation en Syrie constitue un sérieux avertissement.
Un avertissement pour nos pays qui,
à force d’un anti-christianisme forcené, se sont eux-mêmes
anesthésiés et sont comme tétanisés
devant un phénomène qu’ils taisent. Je suis souvent
effaré par le fait que nous n’écoutons pas
les chrétiens d’Orient. Ceux que j’ai rencontrés nous
font parfois le reproche terrible de notre
silence coupable, quand il ne s’agit pas purement et
simplement de désinformation.
C’est également un avertissement pour les chrétiens en
particulier. Si notre civilisation
européenne s’inquiète, c’est qu’elle a sciemment coupé
ses racines. C’est le christianisme qui
a fait l’Europe, n’en déplaise à ceux qui nous
gouvernent. Mais sommes-nous assez
chrétiens ? Je me permets d’en douter lorsque je vois
notre société qui vit, au mieux, de
« traditions. »
L'ordre dominicain est peu connu en Corse, quel est sa
vocation première ? Quelle est la
place des moines et religieux dans la société
contemporaine ?
L’Ordre dominicain a été fondé, comme son nom l’indique,
par saint Dominique. Sa vocation
première est la « Prédication pour le salut des âmes. »
C’est la raison pour laquelle le nom
officiel des dominicains est celui de « Frères Prêcheurs.
» Chacun, selon le génie qui lui est
propre, va ensuite donner une touche tout à fait
personnelle à son annonce de la Vérité qu’est
le Christ.
La place des moines et des religieux dans la société
contemporaine ? Cela dépend de quel côté
on se place ! La société, régie par l’argent, les verra
au mieux comme de touchants souvenirs
du passé, au pire, comme des inutiles. Comme je crois,
pour l’avoir vécue, en la force de la
prière, il me semble au contraire qu’ils ont une utilité
qui ne fait pas de bruit : on ne risque
donc pas d’en parler dans les médias. Les moines et les
religieux doivent être des signes de
contradiction, des signes de la Miséricorde de Dieu, ce
Dieu pour lequel ils laissent tout pour
pouvoir le donner au monde.
Merci, mon père
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