Sur un intitulé volontairement à l’affirmative selon la vieille technique propagandiste : Corse, terre de laïcité , six personnalités ont été invitées à débattre dans l'enceinte du théâtre de Bastia le 2 mai dernier autour des questions de deux intervenants de la Ligue des Droits de l'Homme, André Paccou, personnage incontournable de la scène médiatique locale, et Jean-Sébastien De Casalta, vice-président de section locale et avocat engagé, soutien du gouvernement français actuel. Une quarantaine de personnes seulement ont assisté à l'évènement. Le soufflet "Charlie" est donc visiblement retombé en Corse.
Pour les instances
religieuses étaient présents : Mgr Olivier de
Germay, évêque de l’Eglise
catholique de Corse, Gaston Pietri, prêtre progressiste et médiatique, représentant
de l’association Corte 96, Marie Odile Wilson-Miquel pasteur de
l’Eglise protestante unie de Corse, Daniel
Bueno officiant de la communauté israélite et Miloud
Mesghati président du rassemblement des musulmans de Corse.
Représentant
à lui seul les instances laïques : Michel Barat,
Recteur d’académie et franc-maçon de haut grade, Grand Maître
de la Grande loge de France de 1990 à 1993 puis de 2001 à
2003.
Après
avoir attendu ce dernier durant une demi-heure, l’introduction
est délivrée par A.Paccou qui annonce les axes de
réflexion autour desquels le débat est sensé
s’articuler. Puis il cède la parole à J-S De
Casalta qui récite les standards de la novlangue mondialiste à
grand renfort de « valeurs de la République », de « lutte contre la haine et les
discriminations » où encore de « promotion
de la liberté d’expression, de l’égalité
et de la mixité ethno-religieuse ». Le décor
est planté, on sort déjà du cadre du sujet mais
comme presque personne ne s’en aperçoit, le spectacle
peut commencer.
Les
intervenants prennent tour à tour la parole :
En bon fonctionnaire de l’État,Michel Barat énonce les différentes
mesures décidées par le Ministère de l’Education
Nationale, actuellement dirigé par la ministre
( franco-marocaine ) Najat Vallaud-Belkacem, à travers son plan
pour "la réussite pour tous", qui coutera 250 millions d’euros
aux contribuables. Il est là où on l’attend, rien
de surprenant dans son discours. Ce qui en revanche apparut singulier, c’est que Mr Paccou révèle au public que Michel Barat ne
souhaitait pas que les représentants des différentes
religions soient présents au débat. Cocasse.
C’est
au tour de Daniel Bueno de prendre la parole. Cet instant a vraiment
été le plus étonnant de ce débat.
L’officiant juif parle sans micro, ce qui interloque le public
un court instant, puis l'on comprend qu’en ce samedi 2 mai,
c’est shabbat ! Il s’indigne du fait que pratiquement tous les
jours fériés en France aient une origine catholique et
que cela n’est pas juste eu égard aux prières que
les juifs adressent à la République française... Le malicieux Mr Bueno était au centre
de la table et à travers ses mots il a adressé une
double provocation à ses "partenaires" de débat : à
sa gauche, aux laïcs qui ne manqueront tout de même pas de
l’applaudir chaleureusement, et aux catholiques à sa
droite.
Après
lui, la représentante du protestantisme qui débute son intervention ... en protestant !. En effet, Gilles Simeoni
avait maladroitement mais involontairement omis de la présenter lors de l’introduction du
débat ! Marie Odile Wilson-Miquel, a tout de même
réussi à se faire ovationner rien qu’en soulevant
le fait qu’elle était l’unique femme présente
au débat, injustement oubliée de surcroit , établissant un lien à priori curieux mais en réalité évident, entre parité et laïcité.
Le sérieux reprit enfin ses droits avec Monseigneur
de Germay qui a livré une parole
modérée mais ferme. Il a évoqué la
confusion faite par les pays musulmans entre les sociétés
occidentales modernes qui se veulent laïques (et souvent
anticléricales) et les sociétés chrétiennes. Ce qui expliquerait en partie l’acharnement contre les Chrétiens d’Orient.
L'intervention de Gaston
Pietri fut à la fois inaudible et inintelligible.
Pour
finir, Miloud Mesghati, visiblement intimidé,
a lu avec difficulté un texte court dans lequel il affirme que « tout va bien,
que les musulmans sont très bien accueillis en Corse, Merci,
c’est très gentil ». Une contribution au débat réduite au minimum.
Il aurait été intéressant que le représentant musulman explique
la position de l’Islam en termes de laïcité. Mais
il ne l’a pas fait, à escient ou pas. Mr Mesghati n'a de même rien revendiqué. Cependant pour la
LDH, les apparences sont sauvées, le cahier des charges était
respecté.
Quand la parole est cédée au public, le cocasse ne cesse pas.
Ainsi un maire PS du Cap Corse affirme sa catholicité
en sortant de sa chemise son crucifix, puis déclare que "bien sûr que la Corse est une terre chrétienne !" et que « ça
ne le dérangerait pas d’utiliser l’une de ses onze
églises pour y faire une salle de prière pour les
musulmans, mais s’il faisait ça, ses administrés
feraient la révolution ! » L’assistance est interloquée, le socialisme n'est plus ce qu'il était...
Finalement
c’est l'élu nationaliste Jean-Guy Talamoni qui par son intervention relèvera le niveau et recadrera le débat. Il revient sur l’histoire
de la laïcité ; en évoquant son origine
biblique réaffirmée au XIIIème siècle par
Saint Thomas d’Aquin, qui repose sur le principe de la
séparation du spirituel et du temporel notamment en matière
de droit. Il est aussi revenu sur les manifestations du 11 janvier
suite à l’affaire Charlie Hebdo, expliquant que si des
enfants musulmans n’avaient pas observé la minute de
silence, cela marquait leur sentiment d’être insultés
par le traitement médiatique qui a suivi les attentats. Ainsi
quid de la pérennité de l’école laïque
fréquentée de plus en plus par des jeunes musulmans. Il
finit son propos sur le fait que la population accueillante, le peuple Corse, se doit
d’être souveraine quant à la prise de décisions
des limites des pratiques culturelles et /où cultuelles
des minorités.
De fait, Mgr De Germay et Me Talamoni ont à cette occasion constitué une sorte de "Front de la Résistance", corse et catholique, repoussant subtilement l'assaut des tenants du laïcisme d'importation français et républicain.
Confusions
volontaires ou non des concepts,vacuité des débats langue de bois
montrent l’absence de niveau face à des questions que
l’on se doit de développer.
Qu’entend-t-on
par laïcité aujourd’hui ? Neutralité,
uniformisation ? La laïcité au sens de la neutralité
(définition actuelle mais erronée) devient une question
cruciale à ce jour car la composante musulmane se distingue
par des signes et des pratiques religieuses tellement visibles qu’il
devient primordial de cacher l’ampleur de sa présence.
Quelle
est la véritable définition de la laïcité ?
Ce terme vient de laïkos
qui signifie le peuple en grec. Dans le langage chrétien
médiéval, un laïc était un «baptisé »
qui n’appartenait pas au clergé.
Si
être un laïc, c’est être LE peuple, alors
élaborons la laïcité autour de CE peuple que NOUS
constituons, dont l’empreinte pluri-centenaire a marqué
de sa tradition et des ses valeurs chrétiennes notre terre
dans sa topographie, sa toponymie et sa culture .
Si laïcité signifie amnésie,
soumission, déprogrammation-reprogrammation selon des normes importées et imposées par l'Etranger, nous la combattrons. La Corse est Catholique, n'en déplaise à l'occupant.
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